Un an d’épanouissement, de liberté, de rencontres, de motivation, et aussi parfois de doutes, d’attente et de frustration.
Etre son propre patron c’est tout ça à la fois. Bien sûr, le positif a pris le pas sur le négatif et je sais aujourd’hui que j’ai trouvé ma place.
LA DÉCISION
Après 5 ans d’expérience en entreprise puis en agence à Lille, je me destinais à poursuivre ma carrière à Paris, où est bien sûr concentré la grande majorité des postes de « planneurs stratégiques/consultants branding/consultants en stratégie de marque ». Et j’avais d’ailleurs commencé à passer des entretiens lorsque nous avons eu l’opportunité de partir vivre à Aix-en-Provence en 2013.
J’ai d’abord eu beaucoup de doutes quant à la possibilité de poursuivre une telle carrière dans le Sud. Mais j’ai décidé de privilégier la qualité de vie, pour une fois, et j’ai suivi mes envies.
J’ai tout de suite trouvé un poste en agence. Il s’agissait cependant d’avoir la double casquette chef de projet/consultante. Et finalement l’opérationnel a pris le pas sur le conseil et la stratégie et j’utilisais peu les compétences qui faisaient ma valeur ajoutée. L’idée de me lancer en freelance a donc doucement fait son chemin, au gré de rencontres enrichissantes. De nombreux indépendants m’ont encouragée sans pour autant dresser un portrait idyllique de ce « mode de vie » et je les en remercie : j’ai ainsi été préparée à tout ce que j’ai vécu ensuite.
LA PRÉPARATION
Avant de me lancer j’ai suivi plusieurs formations : remise à niveau d’Anglais, webmarketing, « Osez Entreprendre » où j’ai peaufiné mon business plan.
Puis j’ai planché sur la création de ma propre marque. Beaucoup m’ont demandé pourquoi je n’utilisais pas simplement mon nom, et c’est légitime. En effet le personal branding à l’américaine a fait ses preuves mais créer des marques est mon métier et je suis convaincue qu’imaginer une marque « adaptée » à son marché, aux attentes des cibles, et qui retranscrit les bonnes valeurs est plus efficace encore.
J’ai alors utilisé les mêmes méthodes que pour mes clients et j’ai réfléchi entre autres :
> à ce que mes prospects (agences et entreprises) rechercheraient comme qualité chez un consultant « externe »
> aux valeurs – traits de ma personnalité que je voulais retranscrire.
Après pas mal de pistes différentes, j’ai commencé à tourner autour de l’idée de curiosité. Car la remise en question perpétuelle permet de ne jamais cesser de s’intéresser et d’apprendre. Et donc de comprendre. C’est ce qui mène à la créativité, ce qui permet de décloisonner et d’explorer de nouveaux territoires. Les 1ères phases d’entretien avec le client, d’observation, d’exploration, d’analyse du marché sont donc primordiales.
J’ai ensuite choisi de m’inspirer de l’idée de « made with love » pour le côté élaboration (travail approfondi) et pour évoquer l’importance de la relation en « one-to-one » et la dimension sur-mesure de mon travail d’indépendante, comme un artisan le ferait. Je vois chaque projet comme un renouveau, où certes les méthodes sont les mêmes, mais où il me faut faire preuve de curiosité pour appréhender la nouvelle marque et son environnement.
J’ai décidé de transmettre ces idées avec un logo quelque peu vintage à la forme d’écusson, une typo années 30 avec l’effet grossissant d’une loupe au centre et une ampoule dans le O pour retranscrire l’idée de curiosité, des surpiqûres évoquant le fait main, le tout associé au vert qui reflète des éléments de ma personnalité que je souhaitais valoriser (ce vert-ci était d’ailleurs la couleur Pantone de l’année) : calme, réfléchie, optimiste. J’ai complété cette identité visuelle par quelques photos pro cohérentes.
J’ai créé mon site seule grâce à WordPress, après avoir beaucoup lu (forums, blogs), beaucoup discuté (avec des freelances passés par là) et quelque peu galéré avec des bugs qu’ont résolu des développeurs que je connais. Je ne conseillerais donc à personne de se lancer seul à moins d’avoir les compétences nécessaires ou le bon réseau 😉
PETIT À PETIT L’OISEAU FAIT SON NID
J’ai démarré sur les chapeaux de roues : après avoir proposé mes services à pas mal d’agences, je prenais part dès le premier mois à deux appels d’offre très intéressants. Ensuite tout s’est enchainé avec parfois plusieurs projets par mois (et quelques nuits blanches ;)), parfois zéro (l’irrégularité est en effet la principale difficulté), pour un total de 9 projets en un an.
Des projets passionnants, dans tous les secteurs (banque, salons professionnels, vin, centre d’affaires, épicerie fine, alimentaire grandes surfaces, covoiturage…) et pour toutes tailles d’entreprise, que vous pourrez retrouver pour certains au début de la rubrique Projets (d’autres sont toujours confidentiels).
Les derniers : https://www.madewithcuriosity.com/portfolio/les-sept-pierres/ / https://www.madewithcuriosity.com/portfolio/identite-sistem-provence/
Petit à petit, sans faire de prospection mais plutôt grâce au réseautage et au bouche-à-oreille, j’ai de plus en plus travaillé en direct pour des entreprises.
Les 2 sont enrichissants à différents niveaux et donc complémentaires : une agence fait souvent appel à moi pour mon expertise dans un domaine en particulier (complétée par celles des autres membres de l’équipe interne) et ma capacité à m’adapter aux méthodes qu’elle utilise tout en apportant une plus-value ; une entreprise attend souvent de moi une grande polyvalence et une capacité à l’accompagner de A à Z sur ses problématiques marketing et communication.
J’apprécie les 2 manières de travailler et il est vrai que les relations privilégiées avec les responsables de TPE/PME sont très agréables : travailler directement avec le décisionnaire permet une grande réactivité, efficacité, créativité. Cependant les clients des agences étant plutôt de grands groupes, les budgets sont plus conséquents et les projets de plus grande envergure. Je développe donc en parallèle mes collaborations avec de grandes agences parisiennes.
LES SOURCES DE MOTIVATION
Je ne l’imaginais pas à ce point mais en travaillant seule sur mes recommandations, « sans patron », j’ai pu aller au bout de mes convictions.
J’ai toujours été très autonome en agence également, mais il n’empêche que c’était souvent mon responsable qui avait le dernier mot. C’était bien sûr intéressant de débattre pour avancer (car il n’y a pas une vérité dans cet univers plus émotionnel que rationnel), mais j’ai parfois eu la désagréable sensation d’avoir cédé par facilité et manque de temps. On me demandait de travailler sur plusieurs projets en parallèle avec des délais très courts, ce qui m’obligeait parfois à hiérarchiser les projets par ordre d’importance (passer plus de temps pour le plus gros budget). Aujourd’hui j’ai bien sûr des deadlines également, mais c’est moi qui m’organise de manière à produire un résultat de qualité, quelle que soit la taille du client.
Etre freelance c’est être libre de penser, choisir, s’organiser.
Sur ce dernier aspect, l’intérêt est de pouvoir capitaliser sur les moments de la journée/de la semaine/du week-end où on est le plus efficace. L’important est plus le résultat que le temps passé (contrairement à encore beaucoup trop d’entreprises). Je peux ainsi me dégager du temps en semaine pour des activités perso ou pro mais qui ne concernent pas la « production » (réseautage notamment).
Cette réorganisation du temps et le fait de travailler seule me pousse en effet à aller à la rencontre des autres, notamment au sein d’associations, d’espaces de coworking ou de réseaux divers (on me dit souvent qu’on me voit partout ;)). Ces divers réseaux ont le point commun d’attirer des personnes curieuses et ouvertes d’esprit et donc une multitude de profils variés (beaucoup ont d’ailleurs changé de métiers plusieurs fois). Cette richesse a encore plus aiguisé ma curiosité et je me rends compte que tout est possible est que les seules limites sont celles que l’on s’impose.
J’ai notamment rencontré des freelances qui partagent la même vision du travail que moi, avec qui j’ai entamé de belles collaborations.
J’ai également rencontré une entrepreneure au sein d’une super association (http://www.entrepreneurielles.com) il y a un peu moins d’un an et je fais aujourd’hui partie d’une équipe d’une dizaine de personne qu’elle a rassemblées pour créer un évènement autour de la thématique de l’humain au coeur de l’entreprise. Je pourrais bientôt en dévoiler plus 🙂
Ces rencontres m’enrichissent sur le plan professionnel mais également personnel !
Cette année j’ai notamment découvert : le yoga, la méditation, la sophrologie, les conversations d’Anglais, des ateliers sur des sujets divers et variés, comment mieux consommer/mieux manger, le swing et j’en passe.
Finalement je commence à prendre conscience que me lancer à mon compte m’a permis de prendre ma vie en main. Agir et ne pas subir.
LES SOURCES DE FRUSTRATION
Comme dans tous métiers et tous statuts, il y a bien sûr également des aspects moins sympa !
Etre à son compte c’est tout d’abord « vivre son entreprise » de jour comme de nuit. C’est un peu fatiguant et un peu stressant (surtout la nuit!).
C’est aussi creuser un fossé d’incompréhension avec son entourage salarié. Certains pensent que tant que tu ne travailles pas en « production » sur un projet tu ne travailles pas tout court. Or être freelance c’est aussi : chercher des clients (prospection, réseautage, partenariats), rédiger des articles ;), de l’administratif, des devis, des factures et parfois des recours juridiques pour enfin obtenir son dû.
Car oui certains sont irrespectueux : aucune réponse malgré les relances à un devis qu’on t’a demandé de faire en quelques heures parce que c’était super urgent, après t’avoir fait venir sur place pour une réunion de 3h ;
D’autres sont malhonnêtes : tu collabores avec une agence sur un appel d’offre, tu fais le travail en 3 jours au lieu de 7, le week-end et la nuit, on te remercie chaleureusement pour la qualité de ton travail – tu as vraiment tout donné – puis on te dit qu’on te fait le virement et qu’on te tient au courant de la réponse du client (tu es payée plus si vous gagnez l’appel d’offre). Et tu n’as plus aucune nouvelle (tu obtiens finalement le montant « si perdu » faute de mieux après mise en demeure).
On a beau s’y attendre : c’est éreintant et difficile à gérer psychologiquement.
En parlant d’appels d’offre : la grande majorité des entreprises mettant en concurrence plusieurs agences ne rémunère que celle qui est retenue. Les autres travaillent pendant plusieurs semaines pour rien. Enfin pour rien : pas pour tout le monde car pour ce qui est des idées, celles-ci ne sont pas protégées et il est fréquent que l’entreprise s’inspire de la recommandation stratégique (parfois mêmes du travail graphique) impunément.
Ces agences font souvent appel à des freelances en soutien : si l’appel d’offre est perdu, certaines les dédommagent (généralement 50% du montant), d’autres non car elles considèrent (je cite) que « c’est un investissement commercial pour le freelance » au même titre que c’est le cas pour elles. Sauf que : une agence verse quoiqu’il arrive des salaires à ses équipes qui sont donc assurées de pouvoir manger à la fin du mois, contrairement aux freelances (à moins bien sûr de gagner suffisamment pour mettre de côté mais impossible au début). Et je ne parle pas de ceux qui te demandent « ton conseil » (après tout tu es « consultant » ;)) et font les morts quand tu évoques tes tarifs.
Mais fort heureusement la majorité de mes clients, agences comme entreprises, partagent mes valeurs et je les en remercie vivement 🙂
LE BILAN
Il me semblait important d’évoquer le bien comme le moins bien car faire un bilan c’est aussi ça, et on dresse souvent un portrait idyllique du travail indépendant. Les freelances que j’ai rencontrés et qui ont été honnêtes sur tous ces aspects m’ont beaucoup aidée car je me suis lancée en connaissance de cause.
Je ne regrette absolument pas mon choix et j’ai toujours la même énergie et la même motivation pour développer « ma petite entreprise » et pouvoir en vivre convenablement.
Etre freelance, c’est une formidable expérience et c’est surtout l’opportunité de s’épanouir et de révéler pleinement son potentiel : de devenir soi-même.